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--- Chine ---

Au néolithique, les poteries chinoises sont fabriquées selon la technique du colombin, les parois étant ensuite lissées à l’aide d’une palette. Les poteries de style Yangshao sont élaborées à partir d’une argile fine, produisant, une fois cuite, une couleur allant du jaune pâle au rouge profond. Ces poteries, peintes de pigments minéraux et ornées de décors en forme de spirale, datent de 2600 av. J.-C. environ. Le premier four apparu en Chine se trouve être un simple four vertical : un feu est allumé sous la poterie et un appel d’air est pratiqué à la base du four, permettant ainsi aux flammes et à la chaleur de monter. La poterie de Longshan, venue des plaines, est, quant à elle, modelée sur le tour.

--- Epoque Shang ---

On distingue à l’époque Shang quatre variétés principales de céramique, retrouvées pour la plupart à Anyang (ancienne capitale de la dynastie Shang, située dans l’actuelle province du Henan). La premiére, héritée des traditions du néolithique, est une poterie grise à décor imprimé ou gravé, dont les motifs sont géométriques ; la deuxième, imitation de la vaisselle en bronze de l’époque, est d’une couleur gris sombre ; quant à la troisième, il s’agit d’une poterie blanche au décor finement ciselé, inspiré des bronzes ; la quatrième, enfin, est un grès cérame vernissé.

--- De l’époque Zhou aux six dynasties ---

A l’exception de la poterie blanche, les différents types de céramique créés sous la dynastie Shang continuent à être fabriqués à l’époque de la dynastie Zhou. La poterie rouge à glaçure plombifère, qui fait son apparition pendant la période des « Royaumes combattants », ressemble également aux bronzes de l’époque. Au sud, la production est dominée par des modèles aux formes recherchées, fabriqués dans un grès recouvert d’un vernis brun clair.

La découverte en 1974 de l’armée de terre cuite de Shi Huangdi, premier empereur de la dynastie des Qin, révèle un nouvel aspect de l’art des anciens céramistes chinois. Ces magnifiques statues, d’un réalisme saisissant et dont le moindre détail vestimentaire est représenté, sont en terre cuite grise ; les têtes et les mains ont été cuites séparément à haute température et assemblées par la suite. L’ensemble est à l’origine recouvert d’une peinture brillante à base de pigments minéraux (selon le procédé de la décoration à froid), qui malheureusement, au fil des temps, s’est en grande partie effritée.

De telles statues et d’autres objets funéraires continuent à être fabriqués à l’époque Han ; ont été également retrouvées des briques ornementales décorées de scènes de la vie quotidienne, de personnages et d’animaux. Sous la dynastie Han, les principales céramiques sont des grès recouverts d’une épaisse glaçure verte et des terres cuites de couleur rouge.

C’est au cours de la période suivante (220-589 apr. J.-C.) qu’apparaissent les tout premiers céladons, porcelaines recouvertes d’émail craquelé dont la couleur bleu pâle, gris-vert ou olive est obtenue lors de la cuisson en atmosphère réductrice. D’abord en grès, ces protocéladons, ou Yue, préfigurent les porcelaines céladon qui apparaîtront plus tard (principalement sous la dynastie Song). Ces Yue, ainsi nommés à cause de leur couleur verte, ne se limitent plus, comme la poterie des siècles précédents, à copier les formes des bronzes. Le dessin des vases, des aiguières et de la vaisselle se fait à cette époque plus raffiné, et les contours deviennent plus sobres ; certaines de ces poteries sont ornées de décors très simples, gravés ou moulés.

--- Dynasties Tang et Song ---

Céladon chinois ; la production de céladons se perfectionna sous la dynastie Song (927-1279). Ces grès de couleurs vert olive ou bleu-gris, dont le nom fut inspiré par la couleur des rubans portés par le berger Céladon, personnage de l'Astrée d'Honoré d'Urfé, connurent leur apogée technique et stylistique au cours de cette période. L'emploi de la monochromie et de motifs d'une grande sobriété ainsi que la finesse du relief accentuent le raffinement de la pièce.

La production de statuettes en grès, généralement d’usage funéraire, se poursuit sous la dynastie Tang, révélant l’influence des styles d’Asie centrale. Toutes sortes de bols et de coupes aux décors ciselés sont exportées à cette époque vers l’Inde et l’Asie du Sud-Est. Deux modèles de céramique dominent la dynastie Tang : d’une part, une poterie blanche et fine recouverte d’une glaçure plombifère aux teintes éclatantes jaunes et vertes, présentant sur certaines pièces un aspect moucheté ; d’autre part, la porcelaine, innovation majeure des potiers Tang, qui fabriquent des bols et des vases d’une grande finesse, décorés de couvertes claires, généralement bleues et vertes.

L’art de la porcelaine est ensuite perfectionné sous les Song, dynastie marquée par un développement artistique sans précédent et qui voit l’apogée des céramiques chinoises.

--- Corée ---

La poterie et la porcelaine chinoises influencent fortement la fabrication coréenne ; toutefois, les potiers coréens apportent de subtiles modifications aux modèles venus de Chine. Les grès de couleur grise, retrouvés dans des tombes, marquent tout particulièrement le royaume Silla (57 av. J.-C.-918 apr. J.-C.) tandis que les céladons influencés par le style Song dominent la dynastie Koryo (918-1392). Par la suite, le travail des céramistes coréens perd en qualité ; il n’en demeure pas moins admiré pour la pureté de ses lignes. A leur tour, les Coréens introduisent leur propre travail et la poterie chinoise au Japon.

--- Japon ---

Les premiègres céramiques japonaises datent du néolithique et appartiennent à la période Jomon. Montées au colombin, ces poteries sont décorées par des impressions réalisées à la corde, sur fond mat, puis cuites dans un feu à l’air libre, à basse température. Elles sont le plus souvent rouges, mais on peut trouver des teintes de gris et de noir. Des exemples de poteries de la culture Yayoi (v. 300 av. J.-C.-v. 250 apr. J.-C.), fabriquées par des potiers mongols venus de Corée installés dans l’île de Kyushu, ont été retrouvées un peu partout au Japon. Montée au tour, la poterie Yayoi est une terre cuite dont la surface lisse, généralement de couleur jaune ou brun clair, a parfois été recouverte d’une peinture rouge vif.

Les deux types traditionnels de four utilisés à cette époque par les potiers japonais sont toujours en usage de nos jours : le premier, d’origine coréenne, est creusé à flanc de colline et possède jusqu’à vingt chambres de cuisson. La cuisson peut, dans certains cas, durer jusqu’à deux semaines. Dans le second modèle, un feu de bois est allumé à l’entrée d’une galerie souterraine qui se termine par une chambre circulaire où sont placées les poteries ; une ouverture est pratiquée au sommet du four pour laisser échapper la fumée.

Des poteries de l’époque Kofun ou « période des tumulus » (v. 300-710 apr. J.-C.) ont été découvertes dans ces gigantesques sépultures des empereurs du Japon. Connus sous le nom de poteries haji, ces objets, très proches par leur style des poteries Yayoi, sont loin d’être aussi remarquables que les haniwa ou statuettes funéraires. En terre cuite, de couleur rouge, les haniwa représentent des maisons, des bateaux, des animaux, des femmes, des chasseurs, des musiciens ou encore des soldats. Les sueki, également fabriqués à cette période, sont des grès de couleur grise, cuits dans un four en pente et revêtus d’une couverte à base de cendres (qui se forment lors de la cuisson et recouvrent la poterie). La poterie sueki continue à être fabriquée pendant la période d’Asuka (593-710), qui marque le début de la sinisation religieuse et culturelle du Japon.

--- De la période Nara à l’ère de Kamakura ---

A la période Nara (710-794), première époque historique du Japon, l’influence de la poterie Tang est particulièrement sensible dans les poteries japonaises de grand feu. Les grès rugueux et gris sont habillés de couvertes monochromes vertes ou brun-jaune, bicolores (blanc et vert) ou polychromes. Les décors, ornés de filets ou rehaussés de taches, n’égalent toutefois pas le raffinement des céramiques chinoises de la période Tang.

Au début de l’époque Heian (794-1185), les couvertes cendreuses sont améliorées et les céladons font leur apparition au Japon. Mais, en raison de la rupture des relations entre la Chine et le Japon, la qualité des poteries connaît bientôt un certain déclin et il faut attendre l’ère de Kamakura (1185-1333), époque où les contacts reprennent entre l’empire du Soleil Levant et la Chine des Song, pour que la céramique redevienne un art majeur. Cette fois, c’est à Seto, près de Nagoya, que sont produits les premiers ki-seto (ou seto jaune) imitant les céladons de la dynastie Song. Les ki-seto sont obtenus dans un four à atmosphère oxydante, ce qui donne à leurs glaçures des nuances ambrées. Les Tokoname, poteries usuelles de style rustique, sont également fabriquées à l’époque des Fujiwara.

--- Epoques Muromachi et Momoyama ---

Même si les shoguns d’Ashikaga de l’époque Muromachi (1338-1568) n’ont pas particulièrement encouragé le développement de l’art de la céramique, la tradition de la cérémonie du thé, inspirée des Chinois, reste cependant à l’origine de la fabrication de très beaux services utilisés pour ce rituel. La cérémonie du thé, qui devient un véritable culte à l’ère Momoyama (1568-1603), est adoptée par les militaires et les marchands. Ces pièces de grès et de porcelaine reflètent l’élégance et le raffinement de l’art du thé. Chacune d’entre elles possède un nom et un usage particulier ; les plus célèbres restent les porcelaines de raku.

Caractéristique de l’époque Momoyama, il faut retenir également la poterie de Karatsu, influencée par la poterie coréenne. Le style Karatsu s’est imposé par ses formes variées et ses décors aux motifs géométriques réalisés à main levée, ses dessins de différentes variétés d’herbe, de glycines, peints à l’oxyde de fer sur engobe blanc. La poterie de Bizen connaît aussi son heure de gloire à l’époque Momoyama. Toujours fabriquée aujourd’hui, cette poterie est d’un grès très dur, dont la couleur traditionnellement rouge brique n’est pas uniforme en raison de l’alternance entre atmosphère oxydante et atmosphère réductrice lors de la cuisson.

--- Période d’Edo et suivantes ---

Au début de la période d’Edo (1600-1868), des gisements de kaolin sont mis au jour au nord de Kyushu, près d’Arita, qui est aujourd’hui encore un centre très important de fabrication de poteries. Grâce à cette découverte, les potiers japonais ont été capables de produire une porcelaine dure et blanche. La faïence d’Imari (du nom du port d’où partaient les exportations de céramiques) connaît un immense succès au xviie siècle en Europe. Les décors imari aux couleurs éclatantes sont inspirés par les motifs des laques, des paravents et des tissus de l’époque. A la fin de la période d’Edo, les porcelaines d’Imari connaissent un certain déclin. La porcelaine de style Kakiemon fabriquée à Arita, dont les motifs ressemblent pourtant à ceux des imari, est beaucoup plus raffinée et de forme classique. Mais qu’elles soient d’Imari ou d’Arita, ces deux types de poteries sont toutes deux émaillées.

La poterie de Nabeshima, également de grande qualité et qui imite les motifs des soieries, est d’abord fabriquée pour un petit nombre de privilégiés, souvent des proches de l’artiste. Il faut attendre l’ère Meiji (1868-1912) pour qu’elle soit enfin commercialisée et reproduite. Les décors Nabeshima sont d’abord réalisés sur un patron de tissu fin, puis reproduits en bleu, avant glaçure ; les pigments émaillés sont alors ajoutés et fondus lors d’une troisième cuisson. A l’est du Japon, Kutani représente à l’époque d’Edo un autre centre de fabrication de la porcelaine. Les porcelaines Kutani, dont l’aspect grisâtre est dû à la présence d’impuretés dans l’argile, sont ornées de décors plus épais que les imari ou que la porcelaine d’Arita. Par ailleurs, Kyoto, qui est à l’origine réputée pour ses poteries émaillées, devient également célèbre pour sa porcelaine au xixe siècle. Pendant la période d’Edo, on dénombre quelque 10 000 fours en activité au Japon.

--- Civilisations antiques du Proche-Orient ---

Les premières céramiques proche-orientales proviennent de Çatal Höyük, en Anatolie, et remontent à 6500 av. J.-C. Outre les statuettes en terre cuite, certaines pièces découvertes sur ce site sont peintes en ocre-rouge sur engobe blanc ; d’autres poteries sont monochromatiques (jaune pâle, gris clair, beige ou rouge brique). Montées au colombin, lissées à la palette, puis polies, ces poteries sont gravées de simples lignes horizontales. D’autres poteries néolithiques provenant du Proche-Orient, essentiellement de Syrie, sont décorées de motifs imprimés.

--- Perse et Mésopotamie ---

Les premières céramiques peintes au nord de la Mésopotamie remontent au Ve millénaire av. J.-C. A Samarra, des figurines stylisées ont été produites peintes dans des teintes allant du rouge au noir en passant par le brun, sur un fond jaune clair. Peu après, les potiers de Tell Halaf réalisent de belles poteries polychromes.

A peu près à la même époque, les potiers perses décorent de motifs géométriques des poteries recouvertes d’un engobe clair. L’usage du tour apparaît au IVe millénaire. Des tribus du Nord, venues s’installer en Perse, importent une poterie monochrome rouge ou grise. A l’apogée de la civilisation d’Obeid (IVe millénaire av. J.-C.), un centre de fabrication installé près de Suse produit un grand nombre de vases à boire et de coupes, à partir d’une argile fine. Recouverts d’un engobe jaune et vert, ces objets sont librement décorés de formes géométriques, de plantes, d’oiseaux et d’animaux.

La poterie vernissée apparaît à partir de 1500 av. J.-C. Les plus belles céramiques mésopotamiennes consistent en briques vernissées utilisées en revêtements muraux. Cette tradition remonte au IIIe millénaire quand, à Ourouk, des colonnes et des niches sont recouvertes de mosaïques au dessin géométrique, réalisées à partir de clous d’argile colorés. A Babylone, sous la domination des Kassites (milieu du IIe millénaire av. J.-C.), de la terre cuite non vernissée est utilisée pour recouvrir la façade des temples et des palais. Plus tard à Khorsabad, capitale fondée par Sargon II d’Assyrie (qui règne de 722 à 705 av. J.-C.), l’entrée d’un temple est décorée de briques vernissées au décor moulé, représentant des défilés d’animaux. Cette technique atteint son apogée au VIe siècle av. J.-C., à Babylone, où est réalisée une célèbre frise en briques vernissées : les décors moulés et sculptés puis recouverts de glaçures allant du blanc au brun foncé en passant par le jaune, réalisées sur fond bleu ou bleu-vert, comptent plus de 700 taureaux, dragons et lions. La façade de la salle du trône fut décorée de panneaux ornés de lions et de colonnes couronnées et entourées de palmiers stylisés et de lotus en fleur.

--- Egypte ---

Au Ve millénaire av. J.-C., les poteries réalisées par les Egyptiens se distinguent par leur finesse, leur élégance et leur couleur sombre ; leurs décors sont tracés à la corde. Les pièces peintes du IVe millénaire (décors géométriques ou motifs animaliers peints sur fonds rouge, brun et jaune pâle) n’ont jamais été d’aussi belle facture. L’Egypte des pharaons reste célèbre pour ses faïences ; les premières poteries siliceuses (à base de quartz), réalisées vers 2000 av. J.-C., sont reconnaissables à leur glaçure vert foncé ou bleue ; leur aspect est plus vitreux que celui des véritables céramiques. Les artisans égyptiens fabriquent des bijoux et des perles en faïence, des coupes, des scarabées et de petites figurines funéraires.

--- Civilisations méditerranéennes : Grèce

Au cours de la période classique grecque, la céramique est considérée comme un art majeur. L’argile, extraite sur place, est travaillée sur le tour et chaque forme d’objet a un nom et un usage bien précis dans la société grecque : l’amphore, vase étroit à deux anses, servant à conserver le vin, le grain, l’huile ou le miel ; l’hydrie, grand vase à eau à trois anses ; le lécythe, petit vase à parfum à goulot étroit, utilisé comme offrande funéraire ; le cratère, grand vase où l’on mélange le vin et l’eau, etc. La poterie noire, sans décor, est très répandue en Grèce à l’époque hellénistique ; ses formes imitent celles des poteries décorées ou des objets en métal. Les poteries grecques, décorées ou non, influencent plus tard les céramiques romaines.

Déjà, à l’âge du bronze, les Grecs savaient tirer parti des fours à atmosphère oxydante ou réductrice pour produire des poteries recouvertes d’un engobe noir brillant, sur fond blanc, brun ou orangé, selon le type d’argile utilisé. Les premiers décors sont d’inspiration abstraite. Vers le milieu de l’âge du bronze (2000-1500 av. J.-C.), les premiers décors naturels stylisés font leur apparition. A la fin de cette période, les Mycéniens, influencés par les potiers crétois, peignent des plantes, des créatures sous-marines et des animaux fantastiques sur des poteries aux formes harmonieuses. Le style géométrique athénien remplace le style mycénien vers l’an 1000 av. J.-C. puis décline au VIe siècle av. J.-C.

La poterie noire à figures est introduite par les potiers de l'Attique au début du VIe siècle. Ces poteries polies, de couleur rouge, sont peintes d'un beau vernis noir et les décors, gravés pour laisser apparaître le fond rouge. On utilise des pigments blancs et un mélange de violet-rouge pour les vêtements et les visages. On trouve alors des représentations de cortèges et de chars, ainsi que des animaux et des êtres hybrides, parfois entourés de motifs végétaux ou géométriques. À partir du VIe siècle, les décors privilégient les représentations humaines et les scènes tirées de la mythologie et de la littérature.

La poterie rouge à figures fait son apparition aux alentours de 530 av. J.-C. et devient tout particulièrement populaire entre 510 et 430 av. J.-C. Ce type de poterie est recouvert d'un vernis noir sur lequel des personnages apparaissent en réserve sur un fond rouge-brun ; les détails sont peints en noir sur ces motifs, laissant à l'artiste une totale liberté d'expression. Bien qu'Athènes et Corinthe soient à cette époque les principaux foyers de production de cette poterie rouge à figures, le style s'étend également aux îles grecques. Cependant, au IVe siècle av. J.-C, la poterie rouge perd de sa qualité. Les potiers grecs produisent un autre style de poterie décorée de silhouettes sur fond blanc, rehaussées de couleurs pour imiter les peintures monumentales ; ces pièces sont réservées à un usage strictement ornemental.

--- Civilisations méditerranéennes : Rome ---

La technique de la poterie rouge lustrée est mise au point dans la région orientale de la Méditerranée, à la fin de la période hellénistique. Ce type de poterie est plongé dans un mélange de fines particules d'argile siliceuse en suspension (ce qui donne un aspect brillant à la poterie une fois polie), puis cuit dans un four à atmosphère oxydante. Les décors à cette époque sont réalisés en relief : fabriquées dans des moules en argile dont les parois sont décorées de motifs en creux, les poteries sont réalisées à la roulette, ciselés à la main ou par application de sceaux sur la terre molle, d'où leur nom de « terre sigillée ». Ce terme désigne parfois par extension le mélange d'argile siliceuse dans lequel les poteries romaines sont plongées. Les motifs et les formes de ces poteries s'inspirent, pour la plupart, du travail du métal et du verre. Quelques siècles avant l'ère chrétienne, Arretium (aujourd'hui Arezzo) devient le principal centre de fabrication de cette poterie rouge lustrée. En réalité, la poterie d'Arretium s'implante dans tout l'Empire romain. Toutefois, à mesure que les procédés de fabrication se diffusent, la poterie perd de sa qualité. Les plus beaux exemples proviennent du sud de la France et datent du Ier siècle apr. J.-C.

Les poteries noires lustrées fabriquées par les Grecs se répandent dans toutes les provinces de l'Empire romain. Dans certains cas, la terre molle est pincée par endroits pour créer un effet de pointillé ; d'autres sont recouvertes d'un engobe blanc ou décorées avec des pigments. Il semble, en outre, que les potiers romains aient fabriqué une poterie à couverte plombifère teintée d'oxydes métalliques, appelée à devenir la technique fondamentale de la poterie médiévale européenne.

--- Civilisations méditerranéennes : Tradition Arabe ---

Les premiers potiers arabes de la dynastie des Omeyades héritent des techniques connues dans tout le Proche-Orient : la poterie siliceuse à fritte, décorée de glaçures bleues et vertes, connue en Égypte depuis l'Antiquité romaine ; la poterie à glaçure alcaline venue de Syrie, de Mésopotamie et d'Iran, célèbre depuis la période achéménide ; la poterie à couverte plombifère découverte par les Romains puis reprise par les potiers byzantins. Enfin, l'influence chinoise souffle également sur la poterie islamique : grès de la période Tang (IXe-XIe siècle) ; poterie blanche Song (XIIe-XIVe siècle) ; poterie Ming (XVe-XIXe siècle).

 

--- Civilisations méditerranéennes : Styles arabes médiévaux ---

Au ixe siècle, les califes de la dynastie des Abbassides encouragent les artisans à produire, à partir d'argile locale, une poterie vernissée imitant la poterie Tang importée. Mais bientôt les potiers arabes créent leur propre style : tout d'abord, des poteries mates aux décors en relief, moulés ou estampés ; puis des motifs gravés sur engobe (sgrafitte) ; enfin, des poteries recouvertes d'un émail blanc et opaque, décorées de motifs floraux et d'inscriptions.

L'art des potiers arabes s'illustre également dans la fabrication de céramiques lustrées. La technique du lustre consiste à appliquer sur la céramique une couverte stannifère opaque et blanche cuite une première fois, puis peinte à l'aide de pigments métalliques ; à ce stade, la poterie est à nouveau cuite dans un four à atmosphère réductrice. Cette technique permet de donner à la céramique des reflets métalliques (rouge, bronze et jaune).

Les potiers arabes venus d'Irak qui s'installent à l'ouest du monde musulman au xe siècle importent la technique du lustre. Les poteries lustrées influencent finalement l'Europe par l'intermédiaire des Maures installés en Espagne.

--- Civilisations méditerranéennes : Influences en Iran et en Turquie ---

La dynastie des Seldjoukides, qui domine l'Iran, l'Irak, l'Asie Mineure et la Syrie aux xiie et xiiie siècles, produit des poteries imitant la porcelaine. Les Seldjoukides développent également la technique du minaï, poterie émaillée au décor de petit feu qui, par son extrême délicatesse, imite les manuscrits enluminés. Les vernis bleu-cobalt font leur apparition en Iran dès le ixe siècle, pour disparaître par la suite. Leur utilisation sera reprise du xive au xviiie siècle en raison de la popularité des céramiques bleu et blanc, très prisées en Chine et en Europe.

Sous les Safavides, les poteries de Kubatcha, du nom de l'endroit où elles furent trouvées, sont vraisemblablement fabriquées au nord-ouest de l'Iran. Contemporaines des poteries d'Iznik (Turquie), les pièces découvertes à Kubatcha sont de grandes plaques décoratives polychromes, peintes sous une couverte craquelée.

La poterie de Gombroon, exportée depuis ce port du golfe Persique vers l'Europe et l'Extrême-Orient, aux xvie et xviie siècles, est ornée de décors gravés sur fond blanc translucide. Les poteries persanes, lustrées et colorées par l'oxyde de cuivre et les poteries polychromes peintes, sont également très appréciées au xviie siècle. Les poteries arabes sont généralement moulées ; leurs formes s'inspirent des créations chinoises et des pièces d'orfèvrerie.

--- Céramique européenne : Jusqu’en 1800 ---

L'art de la céramique dans l'Espagne du xiiie au xve siècle puise son inspiration dans les poteries émaillées et lustrées de l'islam (faïences de Paterna, de Malaga et de Manises). Les premières poteries hispano-mauresques sont fabriquées dans la région de Valence. Cette production, exportée depuis Majorque, influence la célèbre céramique italienne de la Renaissance appelée majolique.

--- Céramique européenne : Majolique, faïence et faïence de Delft ---

Au xve siècle, la peinture sur couverte transparente se développe dans la fabrication de la majolique, et de nouvelles couleurs font leur apparition, jaune, orange, vert, turquoise, bleu, violet-brun et noir. Dans certains cas, un deuxième émail recouvre les peintures, qui peuvent également être ornées de décors moulés en relief. Fabriquées en Italie aux xve et xvie siècles, ces poteries ne ressemblent que de très loin à leurs homonymes espagnoles. À partir de 1600, le nom de faïence est donné à la poterie à glaçure stannifère fabriquée en France (Lyon, Montpellier, Rouen, Nîmes) et aux Pays-Bas (Rotterdam, Anvers), souvent inspirée des majoliques italiennes, des xvie et xviie siècles. À partir du xviie siècle, on voit s'affirmer les principaux centres de production de Delft, Nevers, Rouen et Moustiers. En Allemagne (Francfort, Hanau, Ansbach), où la poterie émaillée connaît un essor tout particulier au xviie siècle, elle est également appelée « fayence ». La faïence alors produite à Londres, à Liverpool, à Bristol et à Dublin est appelée « faïence de Delft » jusqu'à l'apparition de la faïence fine anglaise ou « faïence à pâte crème », aux alentours de 1770.

Les poteries à couverte stannifère demeurent en vogue en Europe jusqu'au début du xixe siècle. La technique consiste alors à plonger le biscuit dans une glaçure plombeuse à laquelle on a préalablement ajouté de l'oxyde d'étain (pour la rendre opaque et blanche). On obtient ainsi une poterie recouverte d'un blanc profond, qui masque parfaitement la couleur naturelle de l'objet ; les décors de petit feu ou de grand feu sont dès lors réalisables à base de pigments émaillés. L'or et l'argent utilisés pour les poteries lustrées espagnoles s'appliquent sur couverte ; l'objet décoré subit alors une deuxième cuisson à basse température, dans un four à atmosphère réductrice. Au xviiie siècle, le décor de la couverte stannifère est exécuté à l'aide de couleurs vitrifiables en petit feu de moufle (centres faïenciers de Strasbourg, Marseille, Sceaux et Niederwiller).
Les efforts des potiers européens pour imiter la porcelaine Ming, qui inonde l'Europe pendant la première moitié du xviie siècle, aboutissent à l'âge d'or de la faïence de Delft (1630-1700). Les faïences deviennent encore plus fines et leurs décorations sont tout aussi raffinées : des silhouettes de couleur violet manganèse sont tracées sur l'argile avant la cuisson de dégourdi ; on applique ensuite les couleurs bleues en sous-glaçure ; puis l'objet est finalement recouvert du mélange à base d'oxydes de plomb et d'étain. Des tuiles, des assiettes, des pots et des vases sont réalisés suivant cette technique et les différentes manufactures de faïence de Delft ont été souvent copiées, notamment par les Chinois. Cependant, c'est en France, à la fin du xviie siècle, que l'on met au point une porcelaine tendre artificielle, proche de celle de Chine, à l'origine de la création des manufactures de Chantilly (1725) et Vincennes (1738), future manufacture de Sèvres (1756).

--- Céramique européenne : Grès et poteries à couverte plombifère ---

La technique du grès en Europe se développe en Allemagne à la fin du xive siècle. À cette époque, le salage est employé : on projette du sel marin dans les foyers et la soude contenue dans le sel donne à la poterie un vernis alcalin. Les récipients de style Hafner, poterie à couverte plombifère populaire aux xvie et xviie siècles, imitent les pots et les chopes en étain. Les poteries anglaises traditionnelles, recouvertes d'engobes et de glaçures plombifères, ressemblent à la poterie artisanale d'Europe centrale, introduite en Amérique par les premiers émigrants. En France, la matière et les couleurs des poteries vernissées sont considérablement améliorées par les potiers du Beauvaisis et de Saintonge et surtout par le céramiste Bernard Palissy.

La production de grès en Grande-Bretagne passe à une plus grande échelle à la fin du xviie siècle. Au début du xviiie siècle, l'importation des faïences fines anglaises met sérieusement en péril les manufactures françaises jusque-là florissantes. Le meilleur des grès fins du Staffordshire est produit entre 1720 et 1760. Le Staffordshire devient également le centre de production de la faïence à pâte crème. Cette faïence à glaçure plombifère est fabriquée à base d'un mélange de galets calcinés et de kaolin, extrait dans le Devonshire. En 1754, le céramiste britannique Josiah Wedgwood produit les premières faïences fines colorées. Installé dans sa propre manufacture, il collabore avec d'autres céramistes qui utilisent la technique des décalcomanies (introduite par la Worcester Porcelain Company autour de 1750). Wedgwood fabrique en outre des grès rouges, des grès noirs et des grès jaspe (réalisés à partir d'une pâte argileuse colorée par des oxydes métalliques). Cette dernière variété de grès est habituellement ornée de motifs blancs en relief (portraits ou scènes grecques classiques). Toutefois, la plus grande contribution de Wedgwood à l'art européen de la céramique est une variété de faïence très fine, dont l'extrême pâleur est soulignée par les nuances bleutées de son vernis.

--- XIXe et XXe siècles ---

Les poteries industrielles décorées de chromos bon marché ou de motifs en relief deviennent populaires au xixe siècle en Europe. Elles sont également très répandues aux États-Unis où elles côtoient les faïences brun manganèse de Rockingham, produites en Grande-Bretagne au début du xixe siècle et particulièrement populaires dans le New Jersey et l'Ohio. Aux États-Unis, la poterie industrielle remplace peu à peu la poterie artisanale, essentiellement représentée par les grès obtenus après salage. En France, la découverte des gisements de kaolin du Limousin à la fin du xviiie siècle permet la fabrication de porcelaine dure. Les manufactures de Sèvres, de Limoges et de Paris voient dès lors leur production s'intensifier, et s'industrialiser au xixe siècle.

Dès la seconde moitié du xixe siècle, les manufactures de céramique bénéficient de l'apport des courants artistiques que le phénomène de l'industrialisation ne laisse pas indifférents. L'art de la céramique suit alors de près l'évolution des styles et est autant marquée par l'Art nouveau au tournant du siècle que par le Bauhaus dans les années vingt. En outre, de nombreux artistes, parmi lesquels Gauguin, Dufy, Rouault, Picasso, se sont intéressés à la céramique et lui ont apporté leur contribution.

Les ateliers de poterie apparaissent tout aussi importants pour l'histoire de l'art de la céramique que les manufactures. Le mouvement Arts and Crafts a une influence notable en Grande-Bretagne après 1861, tout comme la production de grès des manufactures de Doulton à Lambeth après 1871. La réputation internationale d'artistes comme les potiers britanniques Bernard Leach (qui, après avoir étudié au Japon, intègre l'influence de la tradition japonaise) et Michael Cardew (chef de file de la renaissance de la poterie au xxe siècle) contribue à faire vivre une tradition artisanale parallèle à la production industrielle.